La journée avait magnifiquement bien commencé. Ils étaient tous à Paris depuis quelques jours, et Luna trouvait la ville grandiose. Qu'elle était vaste, lumineuse, élégante et distinguée par rapport aux villages irlandais que la jeune femme avait toujours connus ! On lui avait dit que la capitale de la France avait perdu de sa magnificence, et Luna ne pouvait même pas imaginer la ville que devait être Paris avant. Chaque matin, après s'être levée, elle observait les parisiens à travers la baie vitrée de sa chambre. Elle les voyait courir, l'air toujours occupé, un café à la main, sur leur trottoirs bétonnées. Elle espérait en voir un à vélo, un béret sur la tête et une baguette sous le bras. En revenant en Irlande, elle pourrait alors raconter à ses parents que ce que l'on racontait était bel et bien vrai. Cette anecdote lui permettrait peut-être d'obtenir un regard de ses parents... Ce matin-là, elle avait décidé de sortir au lieu de rejoindre tout de suite les autres pour petit-déjeuner. Elle s'était habillée en vitesse, et avait parcourue quelques rues, jusqu'à la Tour Eiffel. Depuis le temps qu'elle rêvait de s'en approcher ! Après l'avoir admirée pendant de longues minutes, et regrettant qu'il soit encore trop tôt pour monter à son sommet, elle avait fait demi-tour. Sur le chemin du retour, elle s'était achetée un beau croissant, le summum du comportement français à ses yeux.

Ils avaient passé toute le matinée à constituer les équipes. Le choix avait été dur : ils paraissaient tous si compétents, si motivés ! Luna avait d'ailleurs eu beaucoup de mal à annoncer à certains volontaires qu'ils n'étaient pas retenus. Lorsqu'elle avait vu la déception dans leurs yeux, elle s'était sentie coupable. Mais coupable de quoi ? Elle devait bien choisir, cela faisait partie des Jeux. D'ailleurs, tout dépendait de ce choix : s'ils faisaient le bon, prenaient avec eux des personnes compétentes, ils auraient leur chance ; sinon, si on leur avait menti, et pire, s'ils avaient été dupes, alors trouver l'Atlantide serait encore plus dur que prévu. Cependant, tous les doutes de Luna, ses regrets d'avoir préféré un tel à un autre avaient disparu quand elle avait contemplé son équipe, enfin complète. Certaine de ses choix, et optimiste -comme toujours- quant à la compétition, la jeune femme était allée manger avec ses nouveaux compagnons. A table, elle les avait regardés, avec fierté, et espérant déjà s'entendre à merveille avec chaque membre. Ils avaient ensuite été réquisitionnés par les stylistes, et Luna n'avait pas vu l'après-midi passer. Elle s'était laissée faire avec plaisir, faisant entièrement confiance à leurs doigts de fée et leur sens de la mode. Cette étape lui avait beaucoup plu. Durant toute sa « transformation », elle n'avait eu qu'une hâte : se voir, enfin ! Pendant qu'on lui épilait les sourcils, elle s'était mentalement comparée à une chenille sortant de son cocon, transformée en papillon. On l'avait placée devant un miroir, et, alors qu'elle s'apprêtait à découvrir son reflet, son excitation avait atteint son apogée. Elle avait ouvert les yeux, et avait finalement pu s'admirer, se retenant à grande peine de sauter de joie.

La nuit était maintenant tombée. Ils attendaient tous le défilé, avec plus ou moins d'appréhension, plus ou moins d'impatience. Luna, elle, n'en pouvait plus tant elle avait hâte. Elle sautillait presque sur place, et son bonheur était un peu contagieux. Elle avait eu le temps d'appeler chez elle. Ses parents n'avaient pas pu lui parler (« pas le temps »), mais elle avait discuté avec sa sœur. Cette dernière lui avait promis de tout faire pour que ses parents regarde le défilé ce soir. Luna lui faisait confiance. Ses parents devaient donc être, en ce moment même, devant la télévision. Bientôt, ils la verront sur l'écran, ils seront obligés de la voir, ils ne pourront pas détourner la tête comme ils le font toujours. La jeune fille se contempla une dernière fois dans la baie vitrée. Elle portait une robe verte, un peu bouffante, avec un col carré, et des manches ballons. Les stylistes l'avait maquillée, et ses yeux verts ressortaient plus que jamais. Quant à ses cheveux, ils étaient attachées en une longue et rousse queue de cheval. Elle ressemblait à une poupée, et avait en même temps un air de lutin (c'était sans doute l'effet recherché). Elle s'adressa un sourire confiant, puis parcourra la salle du regard, à la recherche des membres de son équipe.

Le défilé ♥

CRÉDIT

Paris. Ça me changeait de ce bloc de béton dans lequel nous vivions en Allemagne. Ici, on pouvait se balader dans les rues comme bon nous semble. J'aimais beaucoup l'idée, ça m'aidait à me sentir mieux d'avoir de l'air frais dans les poumons et la douce lueur du soleil qui me caressait le visage. Mon père aurait été content d'être à la lumière du jour mais je me demandais quand même pourquoi Benoît et sa famille vivait avec nous en Allemagne plutôt qu'en France où on pouvait marcher au grand air sans rien risquer... Il resterait toujours une énigme pour moi, c'est officiel. Toujours est-il que la journée avait plutôt bien débuter. Cela faisait maintenant trois jours que j'étais à la capitale, attendant que ceux venant de pays plus loin arrivent. Mais enfin l'action allait un peu commencer et ça, ça me réjouissait alors je m'étais réveillée tôt, avait sauté dans la douche et m'étais habillé à la va-vite. Un jean, un t-shirt, une paire de converses et c'était bon. Je me coiffais d'un chignon mal-fait et enfilais ma veste en cuir avant de sortir de l'hôtel. Comme je pouvais me balader où bon me semble tant que j'étais revenue à l'heure, j'en profitais un maximum, ne supportant pas de rester enfermée comme à Oberstdorf, chez moi. Je descendis donc dans la rue et me dirigeais vers les Champs-Elysées. Il paraît qu'avant la guerre, cette avenue regorgeait de boutiques de luxe, de touristes, de petites boutiques sur les trottoirs... Mais tout cela avait bien changé. Je m'arrêtais dans un petit restaurant prendre mon petit-déjeuner et continuait à me balader, rien que pour le plaisir de marcher en plein air. Une fois arrivée au bout, à l'Arc de Triomphe, je fis demi-tour et retournais à l'hôtel.

Une fois là-bas, on m'emmena dans une salle avec les autres chefs d'équipe. On me plaça en fonction du pays que je représentais et là, on nous annonça la couleur. Les plus rapides à choisir une personne dans un corps de métier l'aurait dans son équipe mais il fallait bien choisir... En gros, la conquête de l'Atlantide reposait peut-être sur nos décisions que nous allions prendre maintenant. Si on choisissait les bonnes personnes, tout irait bien sinon... Je respirais un bon coup et heureusement, je réussis à bien m'entendre avec mon équipier et notre équipe fut constituée sans trop de problèmes... Du moins, je crois. Nous y avions passé la matinée, il était maintenant temps de manger et comme toutes les autres équipes, c'est avec toute ma nouvelle team que j'allais prendre le déjeuner. Le repas se passa bien, tout le monde était plutôt sympa et j'étais plutôt fière de nos choix même si j'avais bien vu que certaines autres équipes étaient très bien formées aussi... Mais je n'en avais cure. C'était moi qui gagnerait, je me l'étais promis et je voulais que mon père voit ça. D'ailleurs, il allait pouvoir commencer à être fier de moi dès ce soir avec le défilé. D'ailleurs, il était temps que les stylistes s'occupent de nous. Il paraît qu'on serait tous à peu près assortis pour qu'on puisse savoir qu'elle était notre équipe. Tant qu'on ne me mettait pas en gris pour être assortie à ces foutus blocs de bétons qui nous servaient de "maisons", tout m'irait...

Bon, j'avoue que j'eus de la chance car, bien loin de nous déguiser en je-ne-sais-trop-quoi, les stylistes firent un travail merveilleux. J'aimais beaucoup me faire pouponner même si ça, ça aurait pu en rajouter à mon image de "fille-à-papa" sauf que franchement, je ne vois pas qui peut ne pas aimer ça. Bon, peut-être moi quand je me suis teint les cheveux en rose juste pour faire réagir mon père (soit dit en passant, il a trouvé ça cool ce qui a fait rire tout le monde... Sauf moi bien entendu). Mais franchement, on s'en fiche de ça alors passons. Ma styliste avait fait des miracles vu ce à quoi je devais ressembler en arrivant. J'avais du mal à dormir, cogitant tout le temps au moyen de trouver l'Atlantide. Alors je ne vous raconte pas les cernes que j'avais mais quand le maquillage fut finie, on aurait dit que j'avais une peau de bébé. Je n'étais pas trop maquillée et ça me plaisait. Être un pot de peinture, très peu pour moi. Mais là, c'était parfait. On passa à la coiffure. Apparemment, ils trouvaient que le chignon m'allait bien car je me retrouvais avec une coiffure très élaborée sur le dessus de la tête. Il paraissait plutôt fait sans attention mais en fait, on pouvait y voir les traces d'une main experte. J'adorais ça ! Mais il restait la tenue... Là, j'avoue que je ne savais pas trop ce que ça pouvait donner... Mais quand on me laissa m'admirer, je fus béate d'admiration. Ça, c'était du vrai travail de pro ! Je portais une robe assez courte dans les tons noir, bleu marine. On me donna quelques indications sur ce que je pouvais faire avec et ne pas faire puis on me laissa partir.

Je débarquais dans la salle où toutes les équipes attendaient que le défilé commence. Je pense que c'était insonorisé car on ne pouvait entendre les bruits au dehors. Certains paraissaient stressés, d'autres discutaient et riaient entre eux et d'autres encore restaient dans leurs coins, ne regardant personne. Je tentais de repérer quelqu'un de mon équipe avec qui j'aurais pu aller sympathiser avant le grand coup d'envoi mais je ne voyais personne. Je soupirais et remis une mèche en place derrière mon oreille. J'espérais que mon père ferait plus attention à moi qu'aux autres, j'espérais qu'il serait fier de sa petite fille... Mais en attendant qu'on nous envoie au défilé, je décidais d'en profiter pour apprendre à connaître mes adversaires et, chanceuse que je suis, je repérais une jeune fille ressemblant à un petit lutin pas très loin. Si je ne me trompais pas, elle était chef d'équipe. Je m'approchais d'elle, un sourire aux lèvres et lui déclarais :

«Jolie robe. Je suis Adriane Lotterer, ravie de te rencontrer.»

C’était indéniable, j’étais stressée. Et ce n’était pas mon fort. D’ordinaire, ce genre de sentiment avait d’ailleurs du mal à me gagner. Mais là, les circonstances étaient différentes. J’allais être présentée devant le monde entier pour partir à l’autre bout de la planète, où je ne savais d’ailleurs pas vraiment… où. Alors finalement, il était plutôt normal que je flippe, même inconsciemment. La journée s’était plutôt bien passée. J’avais réussi à parler avec certains de mes coéquipiers après la mise en place de l’équipe. Être avec les Australiens n’était pas un réel problème, au moins je changeais vraiment d’air. Pour l’instant, ils m’avaient tous l’air plus ou moins sympathiques, même si je ne faisais encore certainement pas confiance à quiconque.

Après avoir flâné à droite à gauche dans l’établissement et dans les plus proches rues de Paris, je retournai au centre pour me faire pouponner. Toute une équipe de soins, maquillage et stylisme tournait autour de chaque participant, comme si la présentation de ce soir était la plus importante de toute leur vie. On me passa sous la douche, puis on vérifia que j’étais présentable hors-vêtement, comme si je ne prenais pas soin de moi-même en temps normal. Après quoi, j’eu droit à une séance de maquillage qui se ponctua par du rouge à lèvres pétant qui finalement, se maria totalement avec ma robe. Robe étonnamment pas trop superficielle ; ou disons que je m’attendais à pire, elle était plutôt sobre dans le genre. Dans les tons rouge orangés, elle avait des motifs blancs tout le long et des manches courtes. On m’affubla pour terminer de boucles d’oreilles et de bracelets plutôt simples, ainsi que d’une pochette étant censée remplacer un sac à main que je devrais me trimballer toute la soirée, comme sur les tapis rouges. Le tout agrémenté d’une coiffure sobre et modeste à la fois ; le haut de ma tignasse était rassemblé par-dessus le reste qui pendait nonchalamment sur mes épaules. Au moins ça, ça ne me dépaysait pas trop.

Une fois sortie de cet enfer, on m’emmena rejoindre les autres participants déjà prêts. Un rapide coup d’œil me permis de constater qu’un bon nombre était confiant et magnifiquement présentés. Je m’y perdais un peu, à dire vrai. Tant de luxe était enivrant. Me passant ma pochette de la main droite à la gauche toutes les deux minutes, j’attendais un peu impatiemment et surtout nerveusement qu’on nous demande enfin de sortir sous les projecteurs. Je n’avais pas spécialement envie d’aller vers les autres en cet instant, mais je devais bien avouer que si l’un se décidait à m’aborder, ça ferait au moins passer le temps un peu plus vite. Mais tous semblaient soit déjà accompagné, soit non désireux d’être aux côtés de quelqu’un.

Spoiler:

Je grognais de mécontentement, alors que ma styliste semblait avoir eu la bonne idée de me tirer les cheveux de tous les côtés pour que ma tignasse ressemble à quelque chose. Oui, j'avais des cheveux bouclés et j'en étais plus que fier, ce n'était pas la peine d'essayer de les changer en quelque chose qu'ils n'étaient pas. Puisque ma styliste était brillante, elle avait décidé de me les lisser et de les plaquer en arrière. Je trouvais cette coupe tout simplement horrible, mais elle semblait penser que cela me donnait un petit air charmant. Je n'avais pas besoin de ça pour être charmant, bon dieu ! Ce que je regrettais la Russie. Paris était une ville charmante bien entendu, mais pas assez bien pour moi. C'était trop .. sale à certains endroits, propres à d'autres. Il y avait des jolies filles, mais pas tellement, et je n'avais pas eu l'occasion de faire marcher mon charme légendaire sur ces spécimens. Tant pis. Ce soir, c'était la présentation des équipes au public et en tant que chef, je devais être sur mon trente et un et faire bonne impression. J'avais tout fait pour avoir l'air présentable, et si je n'aimais pas ma coiffure, mon smoking était d'une pure splendeur. Je n'avais jamais été vêtu de quelque chose d'aussi chic dans ma vie, et cela me faisait me sentir bien.

Finalement, nous étions partis vers cette sorte de cérémonie et, arrivé là bas, je me retrouvais avec mon équipe. La chef d'équipe de la Russie de sexe féminin semblait très encline à trouver un quelconque verre de vodka et je ne pus m'empêcher de faire un petit sourire en pensant à nos origines russes qui nous donnaient des prédispositions aux alcools forts. Moi même je n'aurais pas craché sur un petit shot avant mon entrée sur la longue allée. J'entendis des filles crier, mon nom également et je levais la main avec un petit sourire sarcastique pour leur renvoyer une quelconque image de moi. J'étais beau et je le savais, mais je n'étais pas simplement ça. J'étais heureux d'avoir des supporters pour mon équipe et, avec un duo aussi charmant à la tête de la Russie, nous étions surs de gagner. Ce n'était pas un concours de popularité mais on savait que les organisateurs aideraient sûrement plus les gens qui étaient aimés du public.

Nous remontâmes en équipe la longue allée longée de sculptures d'arbustes qui menait à la baie vitrée. J'avais à mes côtés cette jeune femme dont je ne connaissais pas encore le nom et qui partageait mon équipe de la Russie. Pour l'instant, je ne me permis pas d'ouvrir la bouche pour la déranger, de toute façon, sous les cris des citoyens de paris, elle ne m'entendrait sûrement pas. Ils étaient complètement fous, et j'agitais la main en souriant et en leur disant des « merci » à tout va. Puis, le silence.

« Bienvenue ! Bienvenue chers habitants et participants, à cette préparation de course. Je ne saurais vous dire à quel point je suis heureux et honoré de vous voir ici. Cette annonce a eu un tel succès que je ne peux que me réjouir de voir notre peuple retrouver un semblant de joie. J'aimerais avant tout souhaiter à tout le monde une bienvenue à Paris. La ville vous accueille en ce départ pour la plus belle des aventures. »

Je me tournais vers ma coéquipière qui venait de se faire proposer du rosé.

« Moi j'en veux bien, du rosé. » Je tournais le regard vers cette jeune femme et la reluquais des pieds à la terre. Comme le discours semblait être arrêté pour le moment, je lui tendais ma main discrètement. « Aleksei Pietrov, votre coéquipier. »

Ce matin, j’avais grogné au réveil. La soirée avait été longue, très longue… trop longue. Il ne fait pas bon de faire la fiesta quand le point de mire de la journée qui suit est un discours, la constitution des équipes, une cérémonie et une série de rencontres, de serrage de pognes et tout le tremblement.
Je mis un certain temps à émerger et surtout à m’habiller. Complètement dans le cirage, les heures s’étaient écoulées comme des minutes et je me retrouvais bientôt à sautiller devant l’armoire en train d’enfile une paire de chaussettes et mes pompes. J’allais être en retard à la constitution des équipes si je continuais comme ça.
Je regardais mon reflet dans le miroir, on aurait facilement pu avoir l’impression qu’un peloton complet m’était passé dessus. Ce n’était pas tout à fait faux sauf que le peloton en question s’appelait whisky, bourbon et vodka. Oh joie ! Je me rendis vaguement présentable, j’oubliais de me raser avant de partir. C’était trop tard de toute façon, il fallait que j’y aille.

Équipe française… voilà où j’avais atterrit. J’étais le meilleur du tas, c’était pas bien dur à imaginer. La chef par contre… Autant de sens de l’humour qu’une porte de tôle, ça allait être fun. J’étais déjà le mec à surveiller alors qu’on avait même pas encore commencé, ça promettait… Les russes semblaient avoir plus d’humour. Les amerloques avaient l’air de bien se marrer aussi. Et moi, ben je restais dans mon environnement. L’équipe française. J’échangeais quelques vannes, des adresses et des numéros.
La petite balade entre la constitution des équipes et la cérémonie, je fis l’impasse. Non, franchement, fallait que je pionce un peu. J’avais une tronche à faire fuir une horde de ministres.

Là encore, le réveil fut douloureux. J’aurais encore bien dormi quelques heures. Qu’est-ce qui m’avait réveillé au fait ? Ah oui… la douce voix de ma chef d’équipe. Elle était coriace la bougresse.
Je remis le couvert de ce matin… sauf que cette fois, j’avais la tronche un peu moins en vrac et que j’avais tout du pingouin avec un balais dans le fion. J’évitais mon rasoir une fois encore et j’envoyais ma cravate sur mon plumard.
C’est en toute quiétude que je descendis pour me diriger vers la cérémonie ou du moins, l’endroit où nous devions nous rassembler avant celle-ci histoire d’être asticoter. Ma quiétude s’envola quand une marée humaine de maquilleuses, coiffeuses, stylistes et autres m’est tombée dessus. Avait-on seulement idée de faire subir pareil supplice à un homme ? J’invectivais la première maquilleuse qui osa se pointer devant moi avec son attirail. Je me laissais coiffer et menaçais de représailles une styliste qui avait tenté de me remettre une cravate. On tenta bien de me raser mais là encore, j’eus tout de l’ours mal léché. Pas touche ! Le seul à me raser, c’était moi. Pas que je me méfie d’une femme avec un rasoir à l’ancienne mais je me méfie.

Je m’ingéniais à éviter ma chef d’équipe pour le moment, je l’aurais sur le dos bien assez tôt, pas besoin d’avoir une mère poule sur le dos qui me reprocherait mon absence de cravate, ma gueule de mal luné et mon rasage approximatif inexistant. Histoire d’emmerder le monde un peu plus, je passais ma main dans mes cheveux pour décollé cet espèce d’amas de cheveux gominés, non mais sans blague…

Direction la cérémonie et pour ma plus grande joie, j’avais plus ou moins le même look qu’à la sortie de ma chambre.
Une fois sur place, je piquais trois ou quatre amuse-gueule, un verre de champagne. Même pas un petit verre de whisky. Dommage, j’en aurais bien eu besoin, j’avais horreur des cérémonies. Le jour de ma validation, si mes souvenirs sont bons, j’avais raté une des marches de l’estrade. Réflexion faite, voilà sans doute pourquoi il n’y avait aucun alcool fort dans les environs.
Mal à l’aise, je me craquais les doigts en écoutant le discours de ce cher Sinoth. On allait bientôt nous mater sous toutes les coutures. Que n’aurais-je pas donné pour m’éclipser discrètement de cette mascarade. Mon truc c’était la recherche, la course, pas les ronds de jambes. Voilà entre autre pourquoi je n’étais pas prof d’unif’ !

Il fallait s’avancer et je n’avais pas tellement le choix. Alors j’avançais sagement. Oh oui, une clope, ça, ça aurait été top.

« Quelqu’un a du feu ? »

Je me pris un regard torve de ma chef d’équipe. Oh… ça faisait longtemps, ça m’avait manqué. Quelque chose me disait que ça deviendrait rapidement une habitude entre nous. Je l’aimais déjà.
Merde, je venais de manquer la fin du discours de notre Gouverneur… Il avait dit quoi ?

« Qu’est-ce qu’il a dit à la fin ? »

Luna n'avait pas trouvé personne de son équipe. En tout cas, elle n'avait pas eu le temps, car alors qu'elle cherchait un de ses coéquipiers, une jeune fille blonde, un haut chignon sur la tête, s'était avancée vers elle. Elle avait su son nom avant même qu'elle ne se présente :

« Jolie robe. Je suis Adriane Lotterer, ravie de te rencontrer. »

«Oui, bien sûr ! Tu est la chef de l'équipe Allemagne, c'est ça ! Je suis tellement contente qu'on puisse se parler !» Luna avait souri et frappé dans ses mains, signe de son excitation. «Et merci pour le compliment ! La tienne aussi est très belle, elle te va comme un gant : tu es splendide.» A cet instant, elle n'avait pas pu s'empêcher de rire. Un rire long, cristallin, et, oui, assez bruyant. Pourtant, rien n'était particulièrement drôle dans ce qu'elle avait dit... mais c'était ça ou sauter partout en chantant son bonheur. La jeune femme aurait bien aimé poursuivre un peu la conversation, mais au moment où elle allait demander à Adriane comment elle se sentait, si elle avait le trac, etc, elle avait entendu des cris au fond de la salle. Un serveur se faisait apparemment sévèrement réprimander par un des participants... et, vu l'état de son costume, on l'avait sans doute aspergé de rosé. Luna n'avait pas pu distinguer le fautif, mais elle avait déjà sa petite idée : Ludmila en était tout à fait capable. A cette pensée, Luna avait sourit, et de nouveau gloussé.

Soudain, les lumière s'étaient éteintes, les grandes portes s'étaient ouvertes, les cris de la foule avaient surgis. Oui, soudain il avait été temps de sortir, et de défiler. Chacun leur tour, puis par groupe de 3, de 4, de 5 pour certains, ils s'étaient dévoilés au monde. Luna avait cherché la caméra la plus proche et avait regardé droit dans l'objectif, avec défi, espérant de tout son cœur que ses parents la regardaient en ce moment même. Ils avaient maintenant parcouru toute l'allée, sous les hourras du public. C'était absolument incroyable. Jamais Luna n'avait éprouvé cela auparavant : cette sensation d'être aimée, adulée même ! L'euphorie l'étourdissait, lui faisait tourner la tête. Et la cacophonie environnante ne l'aider pas à y voir plus clair. Elle savait simplement qu'Adriane se trouvait à côté d'elle. Elle ne distinguait personne d'autres, ils n'étaient que des ombres, des silhouettes mouvantes.

Puis la foule se calma. Le public devint d'un coup silencieux, respectueux... craintif. Luna frissonna et regarda Eknel Sinoth s'installer devant son pupitre.

« Bienvenue ! Bienvenue chers habitants et participants, à cette préparation de course. Je ne saurais vous dire à quel point je suis heureux et honoré de vous voir ici. Cette annonce a eu un tel succès que je ne peux que me réjouir de voir notre peuple retrouver un semblant de joie. J'aimerais avant tout souhaiter à tout le monde une bienvenue à Paris. La ville vous accueille en ce départ pour la plus belle des aventures. »

Des colombes s'envolèrent, et Luna admira les flammes qui s'élevèrent derrière l'estrade. La foule était à nouveau en délire. Tout cela pour eux. Pour elle. C'était vraiment merveilleux. Elle pencha légèrement la tête et glissa à la chef allemande :

« Tu te rends compte qu'ils font tout ça pour nous ! C'est génial, non ? »

« Vous n'êtes pas sans savoir que la course ne sera pas sans dangers. Vous avez été prévenus, et vous vous êtes portés volontaires, ce dont je vous remercie grandement. Nombre de rebondissements auront lieu, tout comme les indices qui vous seront révélés selon votre avancée dans l'expédition. En aucun cas nous ne garantissons votre sécurité, sachez-le bien. Si certains d'entre vous veulent se désister, qu'ils le fassent maintenant. »

Elle savait tout cela. Luna connaissait les dangers. Et si il y avait bien quelqu'un qui ne se désisterait jamais, c'était elle...

Le défilé ♥

CRÉDIT

«Oui, bien sûr ! Tu est la chef de l'équipe Allemagne, c'est ça ! Je suis tellement contente qu'on puisse se parler ! Et merci pour le compliment ! La tienne aussi est très belle, elle te va comme un gant : tu es splendide.»

A cet instant, un pauvre serveur se retrouva aspergé de rosé. Je tournais la tête vers la Russe. Elle, je ne la supportais déjà pas mais en plus, si elle se comportait de la sorte avec autrui, j'allais vraiment la haïr. De quel droit se permettait-elle de traiter ce pauvre garçon comme ça ? Et puis les lumières s'éteignirent. Je tournais la tête vers Luna et lui chuchotais un :

«Et que le spectacle commence !»

Peu à peu, les bruits de conversation se turent. On aurait pas entendu une mouche voler. Nous pouvions voir nos propres visages, silhouettes sur les grands écrans. Et soudain, l'image changea, passa des volontaires au grand Ekniel Sinoth. Je levais la tête vers le balcon sur lequel le Gouverneur se trouvait. La salve d'applaudissements lui avait fait plaisir apparemment... Mais le silence était revenu, c'était l'heure du grand discours.

«Bienvenue ! Bienvenue chers habitants et participants, à cette préparation de course. Je ne saurais vous dire à quel point je suis heureux et honoré de vous voir ici. Cette annonce a eu un tel succès que je ne peux que me réjouir de voir notre peuple retrouver un semblant de joie. J'aimerais avant tout souhaiter à tout le monde une bienvenue à Paris. La ville vous accueille en ce départ pour la plus belle des aventures.»

Une nouvelle salve d'applaudissements retentis alors que les caméras alternaient entre chaque équipier de chaque pays. Je finis par m'apercevoir à côté de Luna. Rien qu'imaginer ce que pouvait penser mon père de nous ou même le monde entier, je baissais les yeux. Comment cela pouvait-il être interprété ? Je n'en avais aucune idée et là, tout de suite, je m'en fichais pas mal. J'observais tous mes concurrents, vérifiais que ceux de mon équipe ne paraissait pas terrifiés, trop sûrs d'eux ou que-sais-je encore... Je voulais que l'image de l'Allemagne reluise et même si ils n'étaient pas tous de ma patrie, je n'en avais que faire, ils représentaient mon pays maintenant. Luna pencha alors la tête vers moi et me dit :

«Tu te rends compte qu'ils font tout ça pour nous ! C'est génial, non ?»

Je souris à Luna. Elle était jeune, pourrait-elle tout affronter ? Je l'espérais pour elle... Son équipe ne paraissait pas trop mauvaise, elle avait fait preuve de flaire en la choisissant. Mais là, dans le noir et devant le presque-maître-du-monde, elle redevenait une petite fille émerveillée par ce qui l'entourait et ça, ça ne pouvait que me faire l'aimer un peu plus. Mais le silence était revenu et je ne voulais pas commencer le Jeu en étant dans les mauvaises grâces de Mr-tout-puissant-le-Gouverneur. J'écoutais la fin du discours, attendant de pouvoir enfin me remettre à discuter. Je détestais les instants solennels surtout que, partout dans le monde, on nous observait, on nous jugeait. On était un peu du bétail en somme.

«Vous n'êtes pas sans savoir que la course ne sera pas sans dangers. Vous avez été prévenus, et vous vous êtes portés volontaires, ce dont je vous remercie grandement. Nombre de rebondissements auront lieu, tout comme les indices qui vous seront révélés selon votre avancée dans l'expédition. En aucun cas nous ne garantissons votre sécurité, sachez-le bien. Si certains d'entre vous veulent se désister, qu'ils le fassent maintenant.»

Je pus voir tous les participants se regarder en chien de faïence. Que se passerait-il si quelqu'un s'en allait ? Bien sûr, c'était impossible ! Qui aurait pu se porter volontaire et changer subitement d'avis ? C'était stupide ! Pourtant, mon estomac était noué. Et si quelqu'un de mon équipe s'en allait, serait-il remplacé ? Non ! Je voulais mon équipe, pas une autre. Je retins mon souffle comme tout le monde dans la salle et attendis un peu. Qui aurait l'idée saugrenue d'avouer sa peur ? D'avouer qu'il n'était peut-être pas tout à fait prêt à aller affronter tout ça... Parce qu'en réalité, qui l'était vraiment ? Nous ne savions pas où aller, nous nous lancions à l'aveuglette et c'était terrifiant. Mais c'était trop tard. Imaginez un peu que je me désiste. De quoi aurais-je l'air ? Devant mon père ? Devant la planète ? Devant tous les autres ? D'une lâche. Et ça, c'est tout sauf moi. J'ai traversé trop de choses, perdu trop de choses pour laisser tomber mon rêve d'aventures, de fièreté. Alors maintenant, Adriane, tu te tais et tu attends !

J’avais raté la fin du discours et personne n’avait eu l’obligeance de me répondre. Bien ! J’me débrouillerais, c’était une habitude. L’ennui, c’est que maintenant qu’il avait fini la première partie de son speech, on – et quand je dis on, c’est les participants à la course – on était bien visible de tout le monde. J’avais juste eu le temps de vider mon verre et de le balancer derrière moi provoquant ainsi un léger bruit de verre cassé fort heureusement couvert par le bruit ambiant. Je me retournais discrètement – je l’espérais – pour m’excuser d’un geste auprès du personnel. Car malgré tout ce qu’on pouvait bien penser de moi, je respectais le travail d’autrui, quel que soit ce travail, tant qu’il y avait du mérite et eux, ils en avaient

Le regard de Gouverneur à notre petite troupe me fit l’impression de m’être destiné personnellement, pourtant, je n’étais pas le responsable de la majeure partie du désordre. L’inattention n’était pas encore un crime à ce que je sache. En plus, ça papotait, ça hurlait même par endroit. Je me faisais l’effet d’un gamin. Je me revoyais encore face à mon père quand j’avais fait une bêtise. Il ne criait jamais mais il vous lançait de ces regards. Encore maintenant, j’peux vous assurer qu’il me fait me sentir comme un môme dans ces cas-là.

Nom de Dieu… J’avais envie de m’asseoir, j’avais envie de virer ma veste de smoking et de la jeter dans un coin, j’avais envie d’enfiler mes rangers, un jeans, un vieux t-shirt et ma veste. Bref, je voulais sortir de ce costard de pingouin mal fringué. Je n’avais pas de cravate mais j’me sentais franchement mal dans mes chaussettes. Le tic du passage de doigt dans le col de la chemise trop serrée, vous connaissez ? Et bien c’est ce que je fis. Je me pris encore un sale regard de ma chef d’équipe. À croire que cette bonne femme arrivait à voir ce que j’avais dans la tête.
Je lui offris mon plus beau sourire et je reportais mon attention sur la cérémonie. J’avais envie de me dandiner comme un poulet juste pour faire chier.

Cette fois, quand le big boss reprit la parole, je m’abstins de ne pas écouter. Danger, volontaire, mort, pas de garanties… J’avais signé pour ça, pas la peine d’en rajouter. J’étais parfaitement au courant de ce qui m’attendait, on l’était tous, pourquoi nous rabâcher les oreilles avec ça. Il espérait sans doute mettre un peu de piment, rendre la foule encore plus hystérique et au bord de l’apoplexie ?

Quand il eut fini de causer, je regardais autour de moi… Les froussards allaient-ils se faire la malle en courant et se ridiculiser ou allaient-ils faire ça plus dignement et partir en marchant lentement la tête haute ? Si je n’avais pas l’épée de Damoclès nommée chef d’équipe au dessus de la tête, je prendrais bien les paris. J’étais même sûr que certains allaient y passer. Peut-être même moi mais qu’à cela ne tienne. L’Atlantide, c’était ma Cité d’Or à moi, qu’Esteban aille se rhabiller et qu’Indiana Jones s’achète un meilleur scénariste. J’allais découvrir le Graal des temps modernes, me faire un nom encore meilleur dans la profession, je serais la référence du siècle et peut-être même des deux siècles suivants.
Oui, je sais, ça, ça s’appelle l’ego mais parfois, il faut le satisfaire un peu. Après il se relâche le pauvre et la pression retombe. La pression, c’est bon pour la compét’.

Par contre, je dus m’empêcher avec force de balancer tout haut « Si quelqu’un à quelque chose à dire, qu’il se prononce ou se taise à jamais. » Je crois que ça aurait fait mauvais genre, mais c’était dur… vraiment dur. Vous n’imaginez pas à quel point se faire violence ainsi peur faire mal. Pouvait-on me reprocher d’être moi ? Hélas… j’en suis sûr, aussi, avec toute la dextérité acquise en serrage de pognes à l’unif’, je m’enfilais un p’tit four que j’avais gardé dans une poche. Il faut être rapide pour manger sans que personne vous voit dans ce genre de rassemblement.
Ouais… je sais, on met pas la bouffe dans ses poches. Y a les frais de pressing sans compter que c’est pas hygiénique mais quand t’as traîner dans des coins perdus plein de poussière avec ta bouffe qui a eu le temps de faisander… C’est pas trois fibres de tissus qui allaient vous tuer.

Gary fixa son costard à paillettes avec des yeux ronds. Il sentait qu'il allait exploser. Qu'est-ce que ce mec (portant du mascara bleu ciel, il faut le souligner) venait de lui enfiler ? Cela faisait déjà deux horribles et très longues heures que l'on s'affairait à le "relooker" mais là.... ça dépassait les bornes. Il respira un grand coup lorsque son styliste arriva avec une petite cravate rouge à petites étoiles. C'était encore pire. Enfin.... Il imaginait. Car il refusait depuis le début du désastre de se regarder dans le miroir. Il ne voulait pas s'évanouir.
-Roooh... Tu es magnifique ! Tu es sûr de ne pas vouloir de maquillage ? Cela mettrait en avant tes sourcils.
Gary déclina la proposition avec un petit sourire agacé. Mieux valait éviter le rouge à lèvres et tout ce qui pourrait le ridiculiser (encore plus) pour le moment....

Le styliste le libéra quelques minutes plus tard en insistant bien pour qu'il ne touche pas à ses cheveux. Gary lui assura qu'il n'en ferait rien et demanda, un peu inquiet :
-Est-ce que je pourrais rapidement passer par ma chambre je... j'ai oublié un truc !
L'homme le regarda, un peu tracassé, avant de fixer sa montre. Il expliqua à Gary que les ordres, c'était les ordres mais devant l'insistance du jeune homme il finit par appeler quelqu'un. Il s'agissait d'un homme blond qui faisait sans arrêt une sorte de moue. Il dit au jeune garçon de le suivre et l'emmena dans ses appartements. Il lui annonça qu'il avait deux minutes, pas plus.

Le jeune garçon s'affala immédiatement sur le lit d'un blanc immaculé sans prendre garde à ne pas froisser ses habits. Il n'avait en vérité rien oublié mais était juste stressé, en plus des nombreuses questions qu'il se posait. Les draps étaient si doux et si agréables que Gary faillit s'endormir. Cependant le trac qu’il éprouvait à l'idée de la soirée à venir l'en empêcha. Il se demandait s’il avait eu raison de se lancer dans une telle aventure. Et si quelqu'un découvrait que son objectif était de saboter les jeux ? Et puis, il n'avait aucun plan... En tout cas, pour l'instant il allait devoir faire une chose; aider son équipe. Car après tout, cela restait son rôle, non ?

Il se releva car on frappait à sa porte. C'était son "garde du corps" qui le conduit cette fois auprès de tous les autres participants. Bien entendu, il était en retard et les joyeusetés avaient commencées et étaient même presque terminées. Il remercia son accompagnateur et s'avança dans la salle, tentant de vaincre la honte qui le parcourait. Habituellement, il aurait été totalement décontracté. Là, il était très mal. Il ne voyait personne de son équipe et ça le perturbait. Il n'eut pas le temps de s'inquiéter plus longtemps car tout à coup les lumières s'éteignirent. De grandes portes s'ouvrirent devant lui et un projecteur s'alluma. Un des participants s'avança dans la lumière et tout commença. Il défila. Les autres suivirent. La foule acclamait, hurlait. Puis ce fut au tour de Gary. Il tenta de se mettre à l'aise, où de faire croire qu'il l'était. Au fur et à mesure qu'il marchait, il se sentait de mieux en mieux. A la fin il réussit même à faire des signes aux caméras. Enfin, tous les concurrents s'arrêtèrent. Les applaudissements également. Un frisson parcourut l'échine de Gary, et il sentit qu'il en allait de même pour certains autres, lorsque le gouverneur arriva. Il commença son discours d'u ton monotone. Gary l'écouta sans vraiment s'en soucier. Enfin, il prononça les derniers mots fatidiques :
-Si certains d'entre vous veulent se désister, qu'ils le fassent maintenant.
Gary hésita. Les autres s'entre-regardaient pour tenter de savoir qui allait abandonner. Il se demandait si cela valait vraiment le coup de risquer sa vie. Il réfléchit. Réfléchit encore. Et finit par se décider. Il n'était pas un froussard, et il n'allait donc pas se défiler. Les secondes s'écoulaient. Personne n'osait bouger, ni parler.

Spoiler:

Les jours précédents la composition des équipes, j’avais beaucoup visité Paris. J’aimais les villes avec une histoire riche et l’histoire de cette ville valait son pesant d’or. L’art, l’architecture, … Cette ville était une mine d’or. Dire que je n’y avais pas mis les pieds avant mon départ de Toronto. Enfin… Quand je dis mon départ. Je n’étais pas la seule à plier bagages pour les jeux.
Mais aujourd’hui, c’était le grand jour, je m’étais préparée et j’étais partie pour faire face à la constitution des équipes. Fait amusant j’étais chef d’équipe avec Lachlan. Voilà qui était une association heureuse. Au moins, on se connaissait plus que bien.

L’équipe composée, j’étais déjà nettement moins sur les nerfs que ce matin. Ce matin, j’avais fait les cent pas devant mon sac. Pour me détendre, j’avais demandé s’il m’était possible d’aller tirer quelques flèches et on m’avait indiqué un lieu. Heureusement que ma cible n’était un être humain. Je n’avais pas de rage particulière à décharger, j’étais juste stressée. M’exercer au tir à l’arc m’avait aidé mais une fois dans la salle de composition, j’étais de nouveau sur les nerfs. Bref, j’étais contente que ce moment soit enfin terminé mais il restait quelques petites choses à affronter. L’attente, la jungle stylistique et enfin la cérémonie.

L’attente, je pouvais la gérer. Il fallait que je me nourrisse et traîner dans Paris risquait fort de me distraire, autrement dit, ne me restait qu’à manger au centre. Attention, pas que la nourriture y était mauvaise, très loin de là. De toute façon, il ne me serait jamais venu à l’esprit de me plaindre. Je connaissais la sensation de faim qui vous secoue l’estomac, je ne l’avais pas oublié malgré mon changement de vie.
Manger, me balader dans le centre, voilà qui était une occupation très constructive avant de me faire attaquer par une horde de plasticien. Mon domaine c’était l’art et j’étais parfaitement capable d’apprécier la mode, un maquillage bien fait ou une coupe de cheveux mais… je n’aimais pas particulièrement servir de palette d’essais.
Je me dirigeais donc avec une fausse bonne volonté dans l’antre des stylistes même si j’avais eu vent que certains participants avaient fait l’impasse pour passer par la case coiffure et maquillage directement.

Je me fis une raison et au final, l’épreuve ne fut pas si terrible. C’est parée d’une magnifique robe courte à la coupe superbe en soie beige que je passais par le maquillage et la coiffure. Je m’étais ronger les sangs pour rien. J’étais à tomber ? J’étais curieuse de voir la tête de Lachlan à cette cérémonie.

Une fois sur place à attendre, je me permis de boire un peu d’eau du bout des lèvres et de gober tout rond, un peu honteusement, un petit four au fromage. Je n’étais pas précieuse mais je faisais attention à l’image que je renvoyais. Après tout, j’étais une spécialiste en art, j’étais une as de l’authentification et surtout un génie de la rénovation.

À vrai, ce dont j’avais réellement peur, c’était que mon frère voit cette cérémonie et me voit moi ? Je n’avais pas besoin d’un tel parasite dans ma vie, il n’était plus mon frère, je n’étais plus une Gisborne. Lynn était morte. C’était ce que je me disais.
C’est plongée dans mes pensées que je ratais les éclats de voix et le discours de notre bienfaiteur. Je faillis même me lancer avec un peu de retard à la suite des autres. En tant que chef, je devais faire beaucoup mieux que ça. Je me ressaisis et me redressais de toute ma hauteur. Il n’était plus l’heure d m’inquiéter pour ça, il était temps de faire face à la course qui se profilait.

Je restais de marbre, confiante et surtout naturelle. J’observais la foule, Lachlan, les autres participants et pour finir Eknel en personne. Son regard équivoque avait ramené un peu d’ordre et c’était mieux ainsi. Nous avions une image à gérer à présent, il ne fallait pas l’oublier. Ce n’était pas le moment de se rendre ridicule.
Il se remit à parler et cette fois, j’étais attentive. C’est vrai qu’il était encore temps de faire marche arrière et ne plus rien risquer… mais je ne pouvais pas. Je m’étais fixé un nouveau but et je le surmonterais. Je ne contournais jamais un obstacle, je passais par-dessus, j’irais jusqu’au bout, j’étais une battante. Et puis, mon plus cher coéquipier n’abandonnerait pas non plus alors ma décision était prise.

Je souris légèrement voyant que personne ne bougeait, la compétition était lancée, c’était certain. C’était… revigorant de savoir que bientôt, nous partirions à la recherche de l’Atlantide, que nous nous affronterions. Mais je voyais cela comme un combat intellectuel et stratégique car bien entendu, jamais je ne jouerais avec la violence. J’avais déjà donné. Je jouerais réglo sauf si on m’obligeait à déployer des trésors de fourberie. J’en étais parfaitement capable, je ne reniais pas ce que j’avais été et j’avais été une faussaire de génie. Si je devais laisser traîner de faux indices, des cartes, des indications falsifiées derrière moi, je n’hésiterais pas un instant à le faire.
J’étais à peu près certaine que les autres participants n’hésiteraient pas non plus à jouer de bassesses. Peut-être même de violence finalement… J’espérais sincèrement que mon arc ne me servirait pas pour autre chose que la chasse si besoin s’en faisait sentir. Je ne comptais pas tirer sur les gens, soyons réaliste. La seule personne que j’étais capable de tuer de mes propres mains était mon frère et je ne pensais pas qu’il oserait se pointer devant moi ou alors… l’alcool et la drogue avait sérieusement attaqué le peu de matière grise qui lui restait.

Décidément, ce soir, je pensais un peu trop à lui. Si j’avais pu, j’aurais glisser mon bras sous celui de Lachlan et je lui aurais tout raconter mais ce soir… Ce soir nous étions chefs d’équipe, ce soir, nous devions être irréprochables. Nous étions amis, mais nous devions être les piliers, inébranlables et insensibles aux petites préoccupations extérieures.
Ce soir… nous étions des participants aux Search Games.

Depuis combien de temps était elle à Paris ? Deux, trois jours ? Et on était déjà au jour le plus important de tous. Composition des équipes, émission de présentation des équipes... Autant de source de stress pour Victoria. Le pire était déjà passé. Elle avait à présent une équipe, des coéquipiers. Si elle avait été un peu déçue d'être choisi par les Australiens et pas par les Brésiliens, elle se promis de faire tout son possible pour essayer de gagner pour son équipe. Elle avait un peu parlé avec les chefs et quelques autres personnes dont elle avait déjà oublié le nom. Tant pis, elle leur redemanderais plus tard. L'après midi était passé rapidement, elle s'était contenté de se balader dans les ruelles proches du centre en short, t-shirt et sandales comme en pleine été. Elle appréciait cette liberté totale, liberté dont elle avait été privé une bonne partie de son enfance et les deux dernières années. Liberté ? Pas vraiment puisqu'elle devait être de retour, et à l'heure, au centre pour sa préparation à la soirée qui s'annonçait. Néanmoins, elle avait profité de son après-midi, s'installant même un long moment à la terrasse d'un café pour siroter une café en regardant les habitants de la capitale française passer devant elle. Tout était si nouveau, si différent de ce qu'elle avait jamais vécu. Ainsi, quand il fut l'heure de s'en aller, elle quitta difficilement son confortable poste d'observation.

La préparation fut à la fois une horreur et un moment de jubilation intense. En effet, même s'il était particulièrement désagréable de se faire doucher par quelqu'un d'autre ( on lui laissa quand même le droit de se savonner seule ), entendre son équipe de préparation poussait des petits cris à la vue de ses ongles - courts, rongés, cassés pour la plupart - ou de ses jambes - couvertes de bleus - avait beaucoup fait rire Victoria. Elle avait donc accepté de mauvaise grâce à se faire épiler, exfolier et hydrater la peau, nourrir ses cheveux avant d'enfin être coiffée et maquillée. Alors que le coiffeur avait joliment bouclés ses cheveux, le maquilleur avait appliqué avec dextérité tout un tas de produits pour essayer de lui donner bonne mine, avant de terminer par de rouge à lèvres. Quand ils eurent tous fini, ils reculèrent d'un pas pour observer leur 'œuvre '. Après quelques secondes de contemplation, ils secouèrent la tête, comme pour signifier à la jeune femme qu'elle était à présent digne de porter leurs vêtements. Victoria leva les yeux au ciel avant d'enfiler ce qu'on lui donner, c'est à dire une robe d'un joli bleu tirant gentiment sur le vert, à manche longue et décolleté ainsi que des chaussures à talons de la même couleur. Pour résoudre le problème des bleus qui parsemaient ses jambes, une des jeunes femmes en charge d'elle lui donna des collants noirs. Alors que Victoria tentait de protester, avançant qu'elle allait mourir de chaud avec des collants, la styliste lui envoya un regard du genre : ' Ce n'est pas ma faute si tu es hideuse ma chérie, alors prend en à toi même. " . Après avoir râler un moment, Victoria les enfila. Après une heure et demi de supplices, elle était enfin prête à se donner en spectacle.

Se donner en spectacle... le terme était vraiment bien choisi. Alors qu'elle se trouvait devant l'allée, celle qu'elle était sensé remonter pour rejoindre l'endroit où le discours aurait lieu, Victoria pris peur. Il y avait là trop de gens, trop de bruits, trop de flash, trop de cris. Elle se demanda un instant si elle n'allait pas plutôt courir dans la direction opposée, espérant que personne ne la remarque. Et puis d'autres participants arrivèrent à sa hauteur, s'avançant sans crainte au milieu de cette allée décidément vraiment trop longue. Victoria se ressaisit, ayant presque honte d'avoir voulu fuir. Elle traversa l'allée en accordant quelques sourires à la foule ainsi qu'un ou deux timides gestes de la main. Elle devait lutter pour ne pas exploser de rire à la vue de tout ses gens qui s'égosillaient sans même savoir qui elle était, de quel équipe elle faisait parti. A la place, elle se rappela mentalement qu'elle avait choisi d'être là et qu'elle devait à présent l'assumait. Alors elle fit des signes à la foule, sourit bêtement et tout se passa bien.

Enfin arrivée là où il fallait être, Victoria s'empressa d'attraper un verre, n'importe lequel. Le sien contenait du vin blanc qu'elle apprécia du bout des lèvres. Elle se souvint alors qu'elle passait à la télévision et que son père était sûrement devant son poste, horrifié de voir sa fille boire. Victoria sourit une nouvelle fois, ravie d’embarrasser son père devant le monde entier. Elle se força par ailleurs à circuler entre les participants, allant saluer ses chefs d'équipes, se présentant à de sombres inconnus, son verre toujours à la main. Alors qu'elle venait de passer devant deux jeunes femmes qui s'extasiaient mutuellement sur les robes de l'autre puis devant une autre femme qui aspergeait un serveur de rosé avant de lui hurler qu'elle n'était pas une ' Madame' , le regard de Victoria tomba sur un jeune homme tout vêtu de vert qui semblait être un peu plus âgé qu'elle. Si son regard s'attarda sur lui, c'était en partie à cause de son costume ridicule ( finalement, les collants, à côté des sequins verts et du chapeau à trèfle, c'était plutôt cool), mais surtout parce qu'il semblait sur le point de vomir sur les chaussures de quelqu'un. Soucieuse de ne pas laisser une des personnes présentes autour d'elle se ridiculisait devant la Terre entière, Victoria fit un pas vers lui. Elle était à quelques mètres du jeune homme quand soudainement, la foule cessa son vacarme assourdissant. Victoria regarda autour d'elle, surprise. Puis elle vit qu'Eknel Sinoth venait de faire son apparition, et qu'il avait déjà gravit les quelques marches qui le séparait du pupitre. Victoria croisa les bras, écoutant d'une oreille distraite le discours du président, tout en continuant de surveiller du coin de l’œil le jeune homme en vert.


« Bienvenue ! Bienvenue chers habitants et participants, à cette préparation de course. Je ne saurais vous dire à quel point je suis heureux et honoré de vous voir ici. Cette annonce a eu un tel succès que je ne peux que me réjouir de voir notre peuple retrouver un semblant de joie. J'aimerais avant tout souhaiter à tout le monde une bienvenue à Paris. La ville vous accueille en ce départ pour la plus belle des aventures. »

Profitant de la pause que lui accordait Sinoth, ignorant du même temps les colombes et les flammes qui jaillissaient au dessus de sa tête, la jeune femme franchit les derniers mètres qui la séparait du jeune homme et lui posa la main sur l'épaule. Alors qu'il se retourna, étonné, Victoria se pencha vers lui pour essayer de se faire entendre malgré le vacarme:


« Je sais qu'on ne se connaît pas mais tout va bien ? De loin, j'ai eu l'impression que tu allais vomir ... Tu veux un verre d'eau peut-être ? »


Alors que le jeune inconnu ouvrait la bouche pour répondre, il fut couper par le Gouverneur qui poursuivait son discours. Gardant sa main sur son épaule, la jeune femme quitta des yeux son ' nouvel ami ' pour se concentrer sur la suite du speech.

« Vous n'êtes pas sans savoir que la course ne sera pas sans dangers. Vous avez été prévenus, et vous vous êtes portés volontaires, ce dont je vous remercie grandement. Nombre de rebondissements auront lieu, tout comme les indices qui vous seront révélés selon votre avancée dans l'expédition. En aucun cas nous ne garantissons votre sécurité, sachez-le bien. Si certains d'entre vous veulent se désister, qu'ils le fassent maintenant. »

Victoria fronça les sourcils. Qu'est ce qu'il s'imaginait ? Que quelqu'un allait lever la main, se ridiculisant ainsi à jamais devant la population entière de la planète ? Et puis franchement, à ce stade, qui pourrait vouloir sincèrement arrêter tout ? Ce serait idiot de faire ça. A moins qu'il ne dise ça seulement pour ajouter un peu de grandiose à la soirée, rendant l'instant plus solennel ou dramatique. Un peu comme dans les mariages, quand on demande si quelqu'un si oppose. Ou alors, le Président était comme tout le monde: il devait lui aussi se plier aux convenances, se donner en spectacle. Tout ceci n'était qu'un jeu après tout, il fallait bien en suivre les règles...

Le défilé ♥

CRÉDIT

«Afin de montrer notre gratitude envers votre engagement dans ces Jeux, j'ai le plaisir d'offrir à chacun un petit appareil permettant de communiquer à distance. Surtout, faites-en bon usage.»

Personne n'était parti et voilà qu'un serveur m'apportait une petite boule. Je la pris dans ma main et l'observais. Il était écrit qu'elle ne pouvait être utilisée que deux fois par jour. Avec ça, peut-être pouvions-nous parler aussi aux spectateurs ? C'était même sûr ! Parler à mon père ? Est-ce qu'il en aurait seulement envie... Pourtant, si l'équipe était amenée à se séparer, ces petits joujoux serait bien pratiques. Je regardais du côté de mon co-équipier et lui souris, espérant qu'il pensait à la même chose que moi. A part pour appeler mon équipe, je ne voyais pas à quel usage il pourrait servir. Comme je viens de le dire, cela m'étonnerait que mon père soit intéressée de me parler pendant le Jeu... Mais sait-on jamais. Et puis il y avait Benoît. Mon oncle pas vraiment mon oncle... Peut-être qu'il pourrait me conseiller... Non ! Non c'était à moi de trouver l'Atlantide ! Je ne devais compter que sur moi ! Le but de mon inscription c'était que mon père soit fier de moi, que je fasse enfin quelque chose de ma vie pas que je courre dans les jupons de mon oncle dès le premier problème venu... Je me promis à ce moment-là de n'utiliser cet appareil pour appeler à l'extérieur du Jeu qu'en cas de dernier recours...

Les lumières s'étaient rallumées. Certains commençaient à partir mais moi, mon ventre gargouillais trop. Je n'avais presque rien mangé alors je fis signe à un serveur qui m'apporta des amuses-gueules. J'en enfournais un, en pris d'autres dans mes mains et le remerciais gentiment. Je commençais à manger pour calmer ma fin et me calmer tout court et regardais Luna à côté de moi. Elle paraissait toujours réfléchir et je décidais de tenter de détendre un peu l'atmosphère.

«Combien peux-tu mettre d'olives dans ta bouche ?»

Elle me regarda, abasourdie. Je lui fis signe de ne pas bouger et allais chercher un bol d'olives près d'un autre des participants. Un Français je crois... Il était mignon en tout cas mais moi, ce que je m'apprêtais à faire, ça n'allait pas être mignon du tout. Luna et moi étions à peu près au centre de la pièce et vu comme je m'étais dirigée rapidement vers les olives pour être sûre de les avoir, j'avais du passer pour une folle mais je n'en avais rien à faire. J'attrapais une olive et dis à la chef Irlandaise :

«Mon record c'est 10 et je compte bien l'améliorer ! Tiens, regarde ça !»

Je jetais l'olive en l'air et la rattrapais dans ma bouche. Je ne l'avalais pas et continuais avec deux autres. Je ne sais pas si j'étais filmée ou même si on m'observait bizarrement mais moi, je trouvais ça drôle et j'entendais d'autres personnes pouffer dans la salle ce qui me plaisait bien. J'avais toujours aimé faire rire, je me sentais plus à l'aise et j'adorais l'auto-dérision ! Je me sentais dans mon élément et je continuais mes clowneries, me moquant bien de ceux qui pouvaient me trouver pathétique comme la pétasse Russe à l'autre bout de la salle... J'en mis trois autres. Pour ceux qui comptent encore, ça fait maintenant 6. J'en mis quatre autres sans les jeter, de peur de perdre les autres de façon peu élégante puis deux dernières. Oui, là, ça fait 12. Je croquais dans mes olives et les avalais une à une sous le regard médusé de ma nouvelle amie. Une fois la chose faite, je ris.

«Et 12 ! Nouveau record ! Qui peut faire mieux ?» lançais-je à la cantonade.

Le doute l'avait assailli toute la sainte journée ... Et si sa sœur faisait pencher la balance en sa défaveur, comment ferait-elle pour la surveiller sans la mettre en danger ? Si une autre équipe l'avait choisie comme cela semblait bien parti avec cette nouvelle connaissance répondant au doux nom de Mywon, comment Ludmila aurait-elle pris la nouvelle ? Et si ... Elle n'était finalement pas choisie ? Ça pouvait arriver, non ? Ça ne serait pas la première fois qu'elle serait mise de côté et pour cause, son mutisme en agaçait plus d'un. Non pas qu'elle ne sache pas s'exprimer mais lorsqu'elle n'en ressent pas le besoin -comme ces fois ou Ludmi' s'égosille devant sa coiffeuse pour obtenir le meilleur de sa personne- elle préfère tout autant laisser les autres s'exprimer tout en faisant profil bas et office de décor. Après tout, n'était-elle pas un joli décor ?
Ainsi, Nirvana n'avait eut de cesse de faire les cent pas dans la chambre qui lui avait été attribuée en attendant les résultats, ignorant tout du débat au cours duquel les chefs d'équipe russes s'étaient affrontés, l'un pour l'avoir avec eux, l'autre pour l'écarter le plus possible.

C'était finalement une Nirvana radieuse qui était arrivée, fermant la marche, vêtue d'une somptueuse robe d'un rouge vif agrémenté d'un collier de perles de cultures dans lesquelles se prenaient parfois ses longs cheveux pendant le long de ses épaules que son styliste avait préféré laisser pendre, lui avouant que ça lui donnait un petit air sauvage très chic. Ne devaient-ils pas faire confiance aux plus grands connaisseurs en esthétique de ce monde ? S'il fallait faire bonne impression Nirvana se plierait en quatre sans broncher pour être au meilleur de sa forme et laisser derrière elle cette image de jeune femme hautaine aux yeux revolvers repoussant d'un simple battement de cil la moindre personne osant se dresser devant elle. Cela demandait un grand travail sur soi mais elle y arrivait ... Tant qu'il ne fallait s'adresser à personne, elle serait parfaite. De toute façon, les stars de la soirée seraient plus les chefs bien qu'ils seraient tous présentés et révélés au monde entier. Avalant de travers, manquant de se prendre les pieds dans une carpette savamment étalée le long des baies vitrées devant lesquelles ils s'étaient stoppés face à la foule, la jeune femme se rattrapa de justesse en esquissant un semblant de quinte de toux et en réajustant ses escarpins prenant appui un court instant contre le mur de pierre contre lequel elle s'était adossée. Des échanges de regard, salutations et sourires -gênés pour sa part- se font alors que le discours tarde à débuter. Ses adversaires évoluaient autour d'elle, bien plus à l'aise qu'elle ne l'était alors qu'une boule au ventre ne la lâchait plus. Ses sourires s'évanouissent, son rythme cardiaque augmente alors qu'elle resserre les doigts sur l'éventail d'inspiration chinoise que son styliste a trouvé bon de lui confier. Une sage idée de sa part, elle en voyait maintenant l'utilisé et le remerciait intérieurement, dardant du regard toutes ces personnes heureuses d'être ici.

Les visages défilent sur les grands écrans et elle se sent défaillir au moment ou les traits familiers et les yeux éclatants qu'elle observe chaque matin dans le miroir de la salle-de-bain s'affichent. Il lui semble même que ses mains se mettent à trembler sous le coup de l'émotion ... Voilà qu'une dizaine de millier de millions de milliards de personnes la découvrent. Être ainsi exposée aux yeux de tous n'est pas la plus plaisante des sensations mais si elle s'efforçait de se concentrer sur la merveille de technologie qu'on lui tendait poliment sur un plateau en argent, ça devrait aller ... N'est-ce pas ? Certains semblaient hésiter, douter de leurs compétences alors que d'autres bombaient leur torse ou levaient la tête. Nirvana, quant à elle, tendait l'oreille, ne cessait de faire tourner entre ses doigts l'objet que l'on venait de leur offrir leur permettant de communiquer ... chose ne lui étant pas vraiment nécessaire mais pouvant toujours être utile. Au pire, elle en ferait profiter quelqu'un d'autre car, pour le moment, elle n'en voyait pas vraiment l'utilité sauf en cas d’égarement de l'équipe afin de la retrouver du mieux possible. Dévisageant - manie tout à fait impolie- le président tout comme les concurrents espérant de tout cœur passer inaperçue ce qui serait bien plus facile en regardant le sol mais, si son faciès apparaissait de nouveau, il serait de bonne figure d'apparaître sous son meilleur jour. Il ne lui restait plus qu'à choisir ce qu'elle désirait faire du reste de sa soirée ... Rester en ces lieux ne serait pas déplaisant ? Après tout, elle avait eu le temps de découvrir Paris en arrivant il y a trois jours alors ... Pourquoi ne pas s'efforcer d'être sociable et prendre part aux festivités organisées en leur honneur ? Ses yeux voguèrent vers deux silhouettes féminines encore inconnues semblant jouer avec ... des olives ? Intriguée, la chasseuse arqua un sourcil tout en les observant du coin de l’œil ne sachant que penser. Était-ce une tradition de leur pays d'origine ? Une façon de passer le temps ? Analyser les comportements d'autrui portait parfois ses fruits mais, lorsque l'on ne savait comment interpréter les gestes des uns et des autres, cet exercice s'avérait plus délicat. Alors qu'elle nageait en plein doute, un serveur lui tendit un nouveau plateau sur lequel reposaient des coupes de champagnes et les mêmes olives que celles qu'enfournait la jolie blonde dans sa bouche de façon impressionnante, semblant mettre au défis son coéquipier d'en faire autant.

Alors que j’écoutais la fin du discours sans faire de vague, pour une fois, je regardais s’approcher un serveur improvisé livreur le temps de quelques minutes. Je me saisis de l’engin, le soupesais et souris. Cette petite boule qui allait nous servir de comm’ était une merveille de technologie.
Imaginez-vous un môme à Noël et vous aurez une idée assez proche de ce que je ressentais. J’adorais tous les nouveaux jouets qu’on me collait dans les pattes, y compris un simple dispositif, quand même assez sympathique, de communication à usage limité.
Je retournais le dispositif dans ma main, regardant l’appareil sous toutes les coutures.

J’entendis une cohue s’élever de la foule et je me rendis compte que c’en était terminé des prêchi-prêcha, blabla et compagnie. J’avais entendu le mot magique. Nous étions libres une fois enfin arraché aux mondanités. Du moins, une fois les spectateurs partis et la logistique descendue nous rejoindre. J’allais choper un verre et une olive quand soudain, le plat d’olives disparu sous mes yeux. Qu’est-ce que c’était que ça encore ? Je me rabattais vers mon verre sans olive et pour la peine, je piquais quelques petits fours. Foi de moi, je ne comptais pas me laisser mourir de faim alors qu’il y avait de la nourriture partout !
Néanmoins, je regardais la charmante blonde lancer des olives en l’air pour les rattraper mais je constatais rapidement qu’elle ne les mangeait pas, elle les entassait. Je regardais avec fascination et amusement le spectacle. Enfin quelqu’un qui ne se sentait pas ridicule de faire n’importe quoi…
Mais au fait, j’y pensais… Plus besoin de veste ? De chemise dans le pantalon ? De cheveux bien fait ? Libération ! Je vidais mon verre cul sec – il m’encombrait – et je retirais la veste de smoking. Je défis un bouton de plus histoire de respirer tranquille et surtout… je passais une main dans mes cheveux histoire d’achever complètement l’œuvre du coiffeur sous son regard médusé d’ailleurs.

Je délaissais ma veste pour m’approcher de la blondinette et du mini-pousse, chef d’équipe de l’Irlande, un truc comme ça. Je piquais une olive dans le plat devant le nez du dit mini-pousse.

« Faut pas squatter les olives, c’est mal, y a des gens, ils aiment ça avec leur cocktail. Ça c’est pour moi. » Je prends mon olive. « Et ça c’est pour toi parce que t’as le mérite de mettre de l’ambiance. » Je fis un baiser sur la joue de la blonde avant de m’éloigner comme si rien ne s’était passé.

Je filais ensuite à fond de train vers le seul véritable endroit qui m’intéressait… La table des boissons. J’ouvrais une bouteille de whisky et en sentais le contenu. Le sourire aux lèvres, je me servais un bon verre et j’y laissais tomber deux glaçons. Ma chef d’équipe n’avait rien raté de ce que je venais de faire mais je n’en avais rien à cirer. Elle n’irait pas me couler une brique en bronze tout ça parce que j’avais déposé un baiser sur la joue d’une concurrente si ? Oh et puis après tout, qu’est-ce que j’en avais à faire. Je détaillais chaque personne présente. J’en avais déjà croisé certaines.
La russe désagréable mais sexy en diable… et un diable au lit aussi. Aaah… douce Russie… Et le p’tit gars en pleine croissance dans l’équipe Irlandaise. Ah, j’ai failli oublier mini-pousse. J’étais curieux de voir ce qu’elle allait faire. Bien jeune certains participants. Soit c’était de l’inconscience, soit de l’excès de confiance, soit… en fait, je n’en avais rien à cirer. L’Atlantide, ce serait pour ma poire, c’était aussi simple que ça.

Je buvais une gorgée et commençais à fouiller mes poches pour chercher mes cigarettes.

« Oh les bâtards ! »

Mes clopes… Rien qu’à ma tête, c’était vu. J’avais mon feu mais pas mes clopes. Bien sympa, un type de la logistique me tendit une cigarette. Bien sympa ce mec-là. Je le remerciais et allumais mon extrait de cancer en tube.

Je sais, fumer, c’est mal, c’est mauvais pour la santé, ça coûte cher mais dans la vie, il fallait bien crever de quelque chose et mon quelque chose à moi, ce serait ma clope et rien que ma clope. Ou alors mon foie lâcherait avant ? C’était une question intéressante ça…

Je ne savais pas trop quoi penser de la fin du discours. De la gratitude envers notre engagement ? Vraiment ? Ce n’était sans doute pas la formulation la plus adéquate. Quoi que tout bien considéré, il fallait reconnaître qu’il pouvait y avoir une forme de gratitude à rendre pour le divertissement que nous nous apprêtions à faire. Se lancer dans la chasse à un mythe, c’était quelque chose.

Je pris le dispositif de communication et regardais s’il n’y avait pas un moyen de le bloquer quelque part. Je regarderais à cet engin plus tard, dans ma chambre. Quoi qu’il en soit, je n’avais personne à contacter en dehors de Lachlan et Lachlan était avec moi. Cette chose ne me servirait donc qu’à discuter avec mes équipiers si on en venait à être séparé.

Je savais qu’à présent nous avions quartier libre mais je ne savais pas trop quoi en faire. À dire vrai, je n’avais pas tellement envie de traîner dans les parages mais dans un sens, il fallait que je le fasse. Faire connaissance avec les autres ne pouvait être que bénéfique pour la suite des événements.
J’allais prévenir mes coéquipiers que j’allais revenir pour enfin m’éclipser un moment. J’allais repasser par ma chambre pour enfiler quelque chose de moins contraignant. Je n’avais rien contre les jolies robes mais il fallait admettre que ça n’était pas forcement pratique. Mais au final, je ne me changeais pas. Je déposais simplement le dispositif de communication sur ma table de nuit, savourais quelques instants de calme.
Pourquoi je ne m’étais pas changée ? Simplement pour plaire. C’était très humain non ? Une fois de retour, c’tait la grande agitation, le grand amusement. J’avais visiblement raté quelque chose car je vis le géologue de l’équipe française déposé un baiser sur la joue d’un membre de l’équipe allemande alors que sa propre chef d’équipe le fusillait du regard. Quelques secondes plus tard, j’entendais une des russes crier après sa sœur sur un ton faussement enjoué. J’assistais là à un véritable soap ma parole.
Enfin, je ferais mieux de ne pas trop la ramener étant donné mon histoire personnelle mais tout de même.

Je me saisis d’une coupe de champagne avant de m’adosser à un des piliers métallique. Je ne m’éloignais jamais vraiment de mon équipier principal qui n’était autre que mon ami et mon colocataire. C’était assez troublant, je ne savais pas quoi faire. J’avais l’habitude de faire la fête pourtant mais c’était avec des collègues, pas d’illustres inconnus.
Au final, je bus une gorgée de champagne, retirais mes chaussures et j’allais attraper le chef de l’équipe des USA pour l’entraîner sur la piste de danse.
Je sais, ça ne se fait pas de ne pas demander mais après tout, on ne vit qu’une fois, une seule fois. J’avais déjà eu la chance d’avoir une deuxième vie. Je lui souris.

« Et si on remuait un petit peu tout ça ? Et ne t’en fais pas, si tu ne sais pas danser, tu n’auras qu’à me suivre. »

J’espérais qu’il n’allait pas me lâcher sinon, j’aurais l’air d’une vraie cruche. Lachlan viendrait sans doute à mon secours mais ça ne m’empêcherait pas de passer pour une parfaite idiote.

Pas besoin de dire que je continuais de faire attention à ce qui se passait autour de moi. J’avais encore quelques difficultés avec le fait d’être entouré d’inconnu. Je n’étais pas tout ç fait à mon aise dans cet environnement même si je cachais bien mon jeu.
J’étais peut-être sûre de moi, il n’empêche que j’avais beaucoup de mal à faire confiance aux autres, ça n’était pas par hasard si une seule personne avait connaissance de qui j’étais et ce que j’étais vraiment.

Je regardais mon partenaire de danse improvisé et lui tendais la main.

« C’est parti ? »

Je lui souris, vidant mon verre pour le poser. Il ne faut jamais boire trop vite, ça vous tourne un peu la tête après.

Le défilé ♥

CRÉDIT

«Et 12 ! Nouveau record ! Qui peut faire mieux ?» lançais-je à la cantonade.

Le géologue français s'approcha de moi. Il me piqua une olive dans le bol avec un grand sourire avant de me coller un baiser sur la joue.

«Faut pas squatter les olives, c’est mal, y a des gens, ils aiment ça avec leur cocktail. Ça c’est pour moi. Et ça c’est pour toi parce que t’as le mérite de mettre de l’ambiance.»

Il partit ensuite en direction du bar et se fit offrir une cigarette. Amusée, je le regardais faire puis regardais Luna. Je savais qu'elle était gentille et qu'elle trouverait quelqu'un d'autre avec qui discuter. Je m'excusais auprès d'elle et allais vers le beau Français. Je traversais la salle quand une furie à l'accent prononcé me passa devant en criant :

«NIRVAAAAAANAAAAA !»

L'autre crétine de Russe ! Elle m'énervait à un point. Si j'avais pu la repérer une seconde plutôt, elle n'aurait pas pu résister à mon super croche-pied mais là... Loupé ! J'arrivais à côté du brun tout en râlant sur cette pétasse de première classe. Je ne l'aimais pas, je ne l'aimais pas ! Bon, c'est pas très gentil, je sais mais je ne pouvais pas la piffrer. Faut dire que si elle m'avait évité en déboulant l'autre coup... Elle m'avait même fait arriver en retard à la sélection des équipes ! Imaginez un peu la honte que j'avais eu... Moi qui détestais être en retard. Je me plantais devant le géologue et lui retirais la clope du bec. J'en pris une bouffée et la lui rendis en soufflant tranquillement. Je sais, ce n'est pas bon pour le coeur, surtout quand on aime le sport mais ça me détendais. Et puis je ne fumais jamais ! Je pris une olive dans un bocal et la lançais à la tête de Ludmila, la russe pimbêche. Je me retournais ensuite vers le jeune homme et lui dis :

«Je pense que tu as oublié de te présenter... Moi c'est Adriane, chef allemande. Et l'autre cruche là-bas qui vient de se prendre une olive et qui ne doit pas savoir que je l'ai jeté, c'est Ludmila. Alors fais semblant de me parler, ok ?»

Je lui souris et me mis à rire, comme s'il m'avait raconté une bonne blague. Ce que j'étais capable de faire pour échapper aux griffes de la très gentille Ludmila qui faisait toujours bien attention de vous parler soit comme à des chiens soit avec ce ton condescendant qui m'exaspérait tant... Elle devait se prendre pour la Reine du monde avec ses grands airs mais tout le monde n'était pas dupe au point de se faire enrôler dans sa clique de gens mesquins... Je soupirais en voyant qu'elle arrêtait de chercher grâce au miroir du bar situé derrière le Français. Je lui adressais un grand sourire et continuais mon monologue.

«C'est bon, le danger est passé. Alors, ce nom ?»

Gary était toujours en train d'attendre, stressé comme jamais il ne l'avais été. Il se sentait prêt à vomir par terre, même si il savait qu'il allait devoir se retenir. Se ridiculiser devant les téléspectateurs du monde entier n'était certainement pas la solution adaptée. Le garçon s'imaginait qu'il devait être en train de devenir tout vert... ou d'une autre couleur toute aussi bizarre. Alors qu'il allait ramener son attention sur Eknel Sinoth, une petite voix l'interpella dans son dos, le faisant sursauter. Il fit volt-face :
- Je sais qu'on ne se connaît pas mais tout va bien ? De loin, j'ai eu l'impression que tu allais vomir ... Tu veux un verre d'eau peut-être ?
Ouf... Ce n'était rien de bien méchant. Il allait pouvoir ce débarrasser de cette jeune femme brune, qui devait avoir à peu près son âge, très facilement. Il opta pour une réponse courte, bien que totalement fausse.
-Non, non ça va bien merci.
Il adressa un sourire charmeur à la jeune femme et se détourna. Il n'avait vraiment pas envie de faire ami-ami avec quelqu'un, et encore moins de se faire remarquer. Gary essuya les gouttes de sueur qui perlaient sur son front. Le stress s'était un peu atténué. Tant mieux, car il savait qu'il ne tiendrait pas toute la soirée dans cet état. Eknel Sinoth surprit le jeune homme e reprenant de sa grosse voix son long discours. Il prit cette fois bien le temps de l'écouter.
- Afin de montrer notre gratitude envers votre engagement dans ces Jeux, j'ai le plaisir d'offrir à chacun un petit appareil permettant de communiquer à distance. Surtout, faites-en bon usage.
Les yeux ronds, Gary vu arriver devant lui de petits objets, ronds avec diverses petits boutons. Une serveuse blonde vint lui en confier un. Le jeune garçon examina l'appareil avec attention. Il n'avait jamais rien vu de tel et trouvait cela fantastique d'avance, sans même savoir comment l'utiliser.
Trop obnubilé par sa boule, le jeune garçon de vit même pas Eknel Sinoth saluer la foule une dernière fois, avant de s'en aller. La lumière redevint normale dans la salle et les convives furent invités à se rendre devant le buffet que le jeune garçon n'avait pas eu le temps d'apercevoir avant le discours. Il était immense et garni à souhaits. On y trouvait de tout et de rien. Il avait surement dû être créé pour tenter de satisfaire au mieux chaque participant, en fonction du pays d'où ils étaient originaires. C'est merveilleux, incroyable. Gary n'avait jamais vu tant de nourriture à la fois. Son stress envolé, Gary se dirigea vers le buffet. Il fut heureux d'y retrouver certains membres de son équipe, comme Luna, sa chef, qu'il alla saluer entre deux bouchée, ou comme Sven, une personne qu'il ne supportait déjà pas, et qu'il tenta donc d'éviter un maximum. Autour de lui, les autres tributs faisaient la fête, ça criait, ça chantait, ça papotait de partout. Le pauvre jeune garçon était un peu mal à l'aise au milieu de toutes ces joyeusetés et décida donc de s'en écarter.
Il fut de toute manière rapidement fatigué, si bien que, voyant qu'ils étaient autorisés à sortir, il se décida à retourner dans sa chambrer. Après tout, il n'était pas venu pour faire la fête, non ? Gary fut étonner par soi-même d'avoir cette pensée. Lui qui, d'habitude, adorait tant s'amuser ! Son caractère changeait du tout au tout à cause de ces jeux...

Vêtu d’un costard ridicule, j’avais rejoint tous les participants pour notre présentation au public. L’allée que nous devions remonter était tout bonnement somptueuse ; je savais bien que c’était le but, mais je ne pouvais m’empêcher de m’extasier. Je devais bien être l’un des seuls complètement enthousiastes concernant cette course folle que nous allions débuter sous peu. Le discours du Gouverneur fut… prometteur. Il mettait en bouche, avertissait, faisait peur ; les participants avaient tout intérêt à savoir dans quoi ils s’étaient embarqués. Aussi, je fus surpris lorsque nous nous fîmes offrir un dispositif de communication. C’était ingénieux ! Bien sûr, je souris ironiquement lorsque je découvris qu’il était à usage limité. Il n’y avait même pas de quoi s’étonner, Sinoth n’allait pas nous servir une bonne raison de trahir notre équipe sur un plateau d’argent. Quoi que, il aurait u s'en délecter.

Lorsqu’il se retira, et que le public était quasiment sorti des gradins, la musique débuta. Ils nous organisaient une fête, maintenant ? Tout aussi généreux que celui pouvait paraître, je trouvais ça ridicule, hypocrite même. Ils voulaient tout simplement nous faire passer le message suivant : « Profitez tant que vous le pouvez, vous serez peut-être mort demain ». Certes j’étais négatif sur ce coup-là, ce qui ne me ressemblait pas le moins du monde, mais c’était bel et bien l’impression que ça me donna. Des serveurs nous envahirent presque étant donné la quantité imposante de personne présentes, tout autant participants, que chargés de gestion de l’endroit et de la course. De grandes tables étaient installées un peu partout, présentant des hors-d’œuvre, des boissons à n’en plus finir et des chaises si nous ne voulions pas « danser ». Non désireux de ressembler à ce que je n’étais pas plus longtemps, je pris la décision d’enlever ma veste et de la garder sur l’épaule un moment. En chemise, j’étais tout aussi bien, et il ne faisait de toute façon pas froid dans ces jardins. Je pris congés auprès de Pearl aux côtés de qui j’étais pendant le discours. J’avais besoin de bouger. Déjà, je retirai ma chemise de mon pantalon ; j’avais l’impression d’être un clown avec un balai coincé dans l’arrière-train. Je passai à côté d’une table sur laquelle je pris soin de choisir un bon morceau de pizza. Puis, la bouffe dans la bouche et un verre de Monaco dans la main, je me rendis près d’une fontaine alors que l’ambiance était déjà de plus en plus joyeuse.

L’édifice n’était pas très imposant comparé au reste de la soirée, mais parfaitement éclairé. C’était agréable à regarder, et l’ambiance y était plus détendue. Sûrement grâce à l’eau qui s’écoulait. J’allais me perdre dans mes pensées lorsqu’une grande gigue vint m’attraper par l’épaule pour m’inviter à danser. Enfin, elle me l’obligeait plutôt qu’autre chose mais je devinai que ses intentions n’étaient pas mauvaises. Il me sembla reconnaître la chef de l’équipe Canadienne. Elle n’avait rien fait de spécial pour se démarquer, mais j’avais une mémoire assez bonne visuellement parlant, et je me souvenais de beaucoup de visages vus à la constitution des équipes, l’après-midi-même. Elle m’entraîna sous les projecteurs où la moitié des gens dansait, et j’eu à peine le temps de poser ma veste qui était resté sur mon épaule, sagement sur une chaise.

« C’est parti ? »

Elle vida son verre et me tendit la main pour me suggérer de l’accompagner. Je restai encore bête quelques secondes sous la surprise et l’empressement, je n’avais pas du tout prévu de danser. Déjà que je n’avais pas prévu de me coucher tard…

« D’accord, je te suis, je ne suis pas très bon. Mais pourquoi pas. »

Après tout, la soirée n’allait peut-être pas se révéler si transparente…