Il était un peu plus de midi. Je venais de finir de manger avec le restant de mes coéquipiers. Ces derniers avaient préféré vaquer à leurs propres occupations, et non prendre un dernier verre avec moi. Même le second chef avait décliné cette invitation. Ainsi, je me retrouvai seule dans le restaurant du centre. Tanpis pour eux. J’en avais rien à foutre. Moi, je voulais encore profiter de mes dernières journées avant le départ de la course. En plus, j’adorais finir mon repas par un verre, celui-ci rempli d’un alcool au hasard, que je ne connaissais pas forcément. J’avais refusé à maintes reprises ce vin typiquement français, soit le rosé. C’était dégueulasse ! Par contre, le barman m’avait proposé d’autres sortes d’alcool, plus ou moins délicieux par rapport à la vodka. D’ailleurs, il refusait de m’en passer jugeant que je devais goûter d’autres liquides alcoolisés afin de ne plus jurer que par la vodka. Je me dirigeai donc vers le bar pour la première fois de la journée, après avoir vu mes coéquipiers disparaitre un par un, de la salle de restaurant.
« Alors comme d’habitude ? » me dit le barman, avec un sourire presque charmeur. Je savais que j’avais une touche avec lui depuis le premier jour où j’étais venue me présenter au bar. Depuis, il ne démordait pas et trouvait toujours un prétexte pour me draguer. Malheureusement, je ne cessais de le repousser essayant de lui faire comprendre que je m’intéressais à lui uniquement pour ses boissons alcoolisées. Ainsi, je lui rendis son sourire mais beaucoup moins charmeur. Il était simple et aimable. J’appréciais ce jeune homme mais sans plus. Comprenant le message, le barman prit un petit verre de liqueur puis, me servit un liquide transparent que je ne connaissais pas encore.
« Aller cul sec ! » me dit-il, dans un ton assez provocateur. Je le défiai alors du regard, pris le petit verre et fis, avec aucune difficulté, le cul sec demandé. Il ne fut pas surpris, et me resservit un second verre, sans quitter pour autant ce petit regard provocateur. Il aimait bien me défier, ce n’était pas la première fois. Cependant, je décidai de changer la donne pour une fois.
« Yeah, dis ! On couche ensembles si tu bois le plus de verres que moi ! Pari tenu ? » proposai-je, avec un sourire malicieux en coin. Il accepta sans attendre, et prit un second petit verre, le remplit de liqueur de poire (ca avait le gout de poire) et enfin le leva pour trinquer avec moi. J’en fis de même et le défi put enfin commencer…
(…)
« Bon aller avoues toi vaincue chériiie… » me dit-il pour la énième fois, en clignant rapidement des yeux se tenant avec difficultés au comptoir. Je le regardai, exaspérée. Il ne tenait plus du tout debout, alors que moi j’étais presque… sobre – le sol tournait de plus en plus j’avoue.
« Non, c’est moi qui a gagné ! » lui répondis-je, le fixant du regard. Alors, il leva son verre à nouveau rempli, et s’écria.
« NON ! C’moi qui v’gagner ! Tu vas coucher av’c’moi ! » rajouta-t-il, en buvant d’une traite son verre. Finalement, il tomba à la renverse… Comme il pouvait être lourd à répéter la même chose à chaque seconde. Une fois allongé par terre et endormi dans un lourd sommeil, je descendis de ma chaise haute, et pris la direction de la sortie du restaurant. Alors que le barman décuvait petit à petit, moi je galérais cruellement à marcher droit… Je mis une bonne dizaine de minutes à éviter le minimum de coins de tables et pour trouver la sortie.
(…)
Une fois arrivée dans le hall d’entrée – je m’étais retrouvée ici car je voulais m’asseoir dehors sur un banc afin de respirer l’air frais – j’entendis d’abord un gros bourdonnement dans mes oreilles. Très désagréable. Cependant, ce bruit se mit à faiblir, et je commençai à entendre une voix féminine, celle-ci provenant d’une pièce adjacente du hall. Je ne comprenais pas toute la conversation, mais il me semblait que la jeune personne parlait elle-même. Etait-elle schizophrène, folle ? Curieuse, et avec un côté lucide de moi, je pris la direction du lieu où la voix provenait. Malheureusement, à une centaine de mètres, je me fis percuter par un serveur et perdis aussitôt l’équilibre. Les deux pieds en l’air, je me retrouvai les fesses par terre. Néanmoins, je venais notamment de capter le fil de la discussion… La jeune femme parlait certes seule, mais surtout à propos de son engagement vis-à-vis des Jeux.
Hélas, la porte s’ouvrit brutalement et je me retrouvai encore par terre.
« GROSSE BRUTE ! REGARDES OU TU MARCHES LA PROCHAINE FOIS ET SURTOUT NE DIS PAS PARDON ! » criai-je, à l’attention du serveur qui était à présent au fond du couloir. Mon seul but ? Faire en sorte que la jeune femme pense que sa discussion n’a pas été entendue… Mais ne disons-nous pas que les murs ont quand même des oreilles ?
« Oh excusez-moi ! Je ne vous avais pas vu ! » rajoutai-je, gênée, remarquant la présence de la jeune femme.